Mon rôle d’astronome amateur, c’est aussi de communiquer sur les phénomènes artificiels observables dans le ciel. Il existait historiquement les flashes Iridium qui produisaient d’incroyables phénomènes lumineux. Il était très important de connaître ce phénomène très puissant.
Aujourd’hui, les satellites Starlink commencent à faire leur apparition dans notre ciel nocturne. Plusieurs observateurs en font écho.
Dans cet article, vous trouverez comment j’observais ces flashes Iridium et comme je les photographiais.
Vous trouverez également plusieurs éléments sur le phénomène des satellites Starlink de quoi s’agit-il ? Comment peut-on les reconnaître ?
Pour une meilleure navigation, voici la table des matières de cet article :
Table des matières
- Qu’appelait-t-on un flash Iridium (ou Iridium Flare) ?
- Et pourquoi Iridium ?
- La particularité des satellites Iridium
- Comment préparer l’observation d’un flash Iridium?
- Comment photographier un flash Iridium?
- L’arrivée des satellites Starlink
Qu’appelait-t-on un flash Iridium (ou Iridium Flare) ?
La meilleure définition que je pourrais donner sur ce que l’on appelle le » flash Iridium » est la suivante : c’est comme une étoile filante très lumineuse au ralenti!
Lorsque j’ai effectué ma première observation, je ne m’attendais pas du tout à ce phénomène. Je m’apprêtais plutôt à observer un « flash » extrêmement bref en provenance de l’espace. Ma surprise fut totale!
L’impression donnée par ce type de phénomène peut effectivement s’apparenter à un flash mais pris au ralenti car ce dernier dure plusieurs secondes (environ de 5 à 20 secondes).
Lorsque l’observation est bien préparée (et donc que l’on s’attend à observer un flash dans une partie du ciel), on commence par observer un satellite ordinaire et peu à peu, sa luminosité augmente jusqu’à atteindre un maximum pouvant parfois dépasser la magnitude de -8. Voici un petit rappel des magnitudes (brillances) pour imaginer la puissance du flash Iridium:
- Pleine Lune -12.6
- Magnitude maximale de Vénus -4.6 (aussi appelée étoile du berger)
- Sirius -1.5 (étoile la plus brillante du ciel)
Comme vous l’aurez compris, un flash Iridium est très facile à observer si il est bien choisi (magnitude faible). Il est ainsi possible de voir apparaître subitement un objet 30 fois plus lumineux que Vénus…
Et pourquoi Iridium ?
Il s’agit simplement du nom donné à une famille de satellites de télécommunication desservant les terminaux appelés Iridium. Initialement, 77 satellites devaient être mis en fonctionnement – 77 comme le numéro atomique de l’Iridium…
On l’appelle même la « constellation Iridium ». Elle comprend environ 90 satellites dont une trentaine non actifs de secours. Ce type de satellite permet d’accéder n’importe où à un réseau de téléphonie et à l’internet à bas débit. La réseau ainsi constitué permet de couvrir la quasi totalité du globe terrestre.
L’orbite de ces satellites est quasi polaire et s’effectue en 100 minutes à une altitude de 780 km.
Pour l’histoire, la mise en service de ce réseau a débuté à la fin de l’année 1998.
La particularité des satellites Iridium
Comme vous l’aurez compris, ces appareils se distinguent des autres satellites. En effet, compte-tenu du nombre d’engins au-dessus de notre tête, notre ciel nocturne serait parsemé de flash si tous les satellites étaient comme ces Iridium.
Les satellites Iridium comportent en fait 3 grandes antennes (1.88 m * 0.86 m) qui sont des panneaux extrêmement réfléchissants et plats. Leur disposition est telle qu’en fonction de leur position, ils réfléchissent toute la lumière en provenance du Soleil. La réflexion de la lumière du Soleil crée un point lumineux à la surface de la Terre d’un diamètre de 10 km. C’est la zone de visibilité du flash.
La situation est la même que lorsque vous tenez un miroir et tentez de rediriger la lumière du Soleil vers une autre direction. Dans notre cas, la direction nouvelle est un observateur sur Terre.
Voici pour illustration à quoi ressemble un satellite Iridium:
Comment préparer l’observation d’un flash Iridium?
Comme le réseau est connu et que les orbites sont maîtrisées, tous les flash peuvent se prédire à l’avance.
Il existe plusieurs outils permettant de lister les flash Iridium se produisant à une localisation précise. Comme je vous l’avais indiqué dans un précédent article (cliquez ici pour rappel), j’utilise l’application mobile Heavens-above. Elle est très pratique et a l’avantage de fonctionner off-line donc sans connexion aux données. Le site web permet également de consulter ces informations, il se situe : ici.
Pour le tutoriel, rien de plus simple, le voici:
- Lancez l’application Heavens-above sur votre mobile
- Dans le menu princpal, choisissez « Iridium flares »
- La liste des prochains flash s’affiche, sélectionnez-en un
Vous possédez maintenant toutes les informations nécessaires pour votre observation:
- L’heure du maximum du flash (en heure locale!) ainsi que le début et la fin du phénomène
- L’application vous indique le satellite concerné (différencié par un chiffre)
- La trajectoire du satellite devant les constellations
- La magnitude
- L’élévation en degrés
- L’orbite du satellite
- Des informations complémentaires
L’application dispose en plus d’un petit gadget très intéressant : un petit réticule se déplace lorsque vous placez votre smartphone face à vous. Si vous n’êtes pas familier avec les constellations, il vous sera d’une grande aide!
Si vous me permettez de vous faire profiter de la modeste expérience acquise dans le domaine, voici comment sélectionner un flash dans la liste:
- Choisissez des magnitudes inférieures ou égales à -6
- Privilégiez des phénomènes se produisant au delà de 25°
- Attention à vous assurer qu’il fait bien nuit. Le phénomène est également visible au crépuscule mais tellement plus impressionnant lors d’une nuit bien noire!
- Privilégiez des nuits sans Lune
- Assurez-vous enfin que votre ciel est bien dégagé là où le flash est prévu!
Comment photographier un flash Iridium?
Si vous m’avez bien suivi jusqu’ici, le but est d’observer et de photographier un phénomène que l’on peut considérer lent. Le mieux est donc d’effectuer une pose de longue durée avec une faible sensibilité.
L’idéal est de disposer d’un trépied et d’un dispositif de commande à distance de l’appareil photo : application mobile, télécommande filaire ou infrarouge, intervallomètre… La pose doit être lancée manuellement dès l’apparition du satellite et stoppée à sa disparition.
On obtient ainsi de cette manière une image caractéristique de flash Iridium avec une traînée droite dont la luminosité croit puis décroit:
Ces photographies étaient courantes jusqu’à fin 2019. Depuis, les satellites Iridium de première génération ont été désorbité et remplacé par des satellites de seconde génération.
Ces nouveaux satellites ne présentent plus la spécificité des premiers qui généraient des flashes lumineux intenses.
L’arrivée des satellites Starlink
Vous en avez peut être entendu parler : le milliardaire Elon Musk a pour projet de mettre en œuvre une constellation de satellites. Et ces satellites sont visibles et inquiètent même la communauté scientifique.
Cette constellation de satellites vise à permettre une couverture internet mondiale en haut débit. A terme, elle pourrait représenter plusieurs dizaines de milliers de satellites. Plus rien à voir avec les satellites Iridium qui étaient présents à quelques dizaines.
Ce phénomène pourrait perturber l’observation du ciel et les recherches scientifiques en général. Tout d’abord, il est courant d’observer plus d’un satellite sur plusieurs minutes.
Plus gênant, ces satellites présenteraient des sursauts de luminosité.
Il n’est pas question de remettre en cause ce projet. Cependant, en imaginant que plusieurs sociétés privées en fassent de même, on imagine que faire de la science pourrait être plus complexe à l’avenir.
Récemment, les scientifiques ont fait appel à l’ONU afin de réglementer cette activité. A terme, il serait de plus en plus compliqué d’imager une galaxie, une nébuleuse sans aucune traînée de ces satellites.
Plusieurs observateurs ont témoigné de leur observation. Je vous fournirai prochainement des nouvelles à ce sujet. En caractéristique principale, sachez qu’il s’agit de « files de points lumineux » aussi appelés « colliers ».
Maintenant, vous êtes informés. Peut-être observerez -vous ce nouveau phénomène à votre tour 🙂
Article publié le 20 août 2016
Dernière mise à jour le 25 mars 2024